Comparaison n’est pas raison, pourrait-on dire. Mais le Cameroun, leader économique au niveau de la sous-région Cemac, est loin d’assumer ce leadership au niveau des salaires. Le pays compte même parmi les plus bas salaires de cette partie de l’Afrique, nonobstant la dernière revalorisation du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG). En effet, par un décret signé par le Premier ministre, le vendredi 23 février 2024, le gouvernement camerounais a procédé à la revalorisation du SMIG. Il est passé de 41 875 FCFA pour les agents publics à 43 969 FCFA. Une augmentation, fruit de négociations entre l’État, les syndicats des travailleurs et le patronat, en guise de mesure d’accompagnement visant à réduire l’impact de la hausse des prix de certains produits pétroliers sur le pouvoir d’achat.
Pourtant, la Confédération des syndicats autonomes du Cameroun avait demandé un peu plus. « Nous les travailleurs, nous proposons que le SMIG soit à 100000 FCFA. Pas parce que nous partons dans l’air. Nous nous fondons sur deux paramètres. Le premier paramètre, c’est ce qu’une personne, prise seule doit avoir en un mois, pour pouvoir vivre au niveau du seuil de pauvreté. Nous partons des statistiques fournies par l’Institut national de la statistique qui disent qu’un pauvre au Cameroun a besoin de 931 FCFA pour vivre. L’INS dit également qu’une famille moyenne au Cameroun a 4,5 personnes. Si on prend 25 et qu’on le multiplie par 4,5 et 931 FCFA, ça donne 104 000 FCFA. Partant de cela, nous avons estimé qu’un SMIG à 100 000 FCFA en moyenne est le meilleur », avait justifié Louis Pierre Mouangue, son président.
Le Cameroun, parmi les mauvais élèves dans la Cemac
Il n’y a que la République centrafricaine qui fait pire que le Cameroun, en la matière. Le SMIG au pays de Faustin Touadéra reste fixé à 29.000 FCFA par mois, donc moins que les 43 969 FCFA du Cameroun. S’agissant des autres pays de la Cemac, la moyenne est au-dessus du taux pratiqué par le Cameroun. Au Gabon par exemple, le SMIG est de 80. 000 FCFA depuis octobre 2006, alors que le revenu minimum mensuel est à 150.000 FCFA. Le revenu minimum étant distinct du SMIG, car il inclut différentes primes et allocations.
Au Congo-Brazzaville, le SMIG est de 50 400 FCFA. Mais, comme le reconnaissait le ministre en charge de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, Firmin Ayessa, « Le montant de 50 400 FCFA est insuffisant, que ce soit pour le Smig et le reste. Ce qui est vrai, depuis quelques années, le problème est posé par les trois centrales syndicales les plus représentatives et se trouve aujourd’hui sur la table du gouvernement… Avec les différentes crises que notre pays traverse, cela a joué de façon forte sur le panier de la ménagère. Nous sommes conscients de cette question lancinante… ».
Au Tchad, le SMIG des travailleurs est d’environ 60 000 FCFA pour tous les travailleurs, à l’exception de ceux du secteur agricole et assimilés régis par le Salaire minimum agricole garanti (SMAG). Alors qu’en Guinée-équatoriale, de 90.000 FCFA en 2002, le SMIG est désormais à 128.000 FCFA.