Béatrice SISSI, Victorine Manga, Charnelle Kenmoe, Eilen Ngwayu Timende, Mentchum Wembo, Marie-Florence Nkwadith, Denise Essombe, Erica Wanga, Vanessa Youbi, etc. Voilà quelques figures de femmes victimes de violences basées sur le genre en 2023. Ces femmes ont perdu la vie à la suite de violences conjugales ; de maltraitance ; de viols ; de crimes rituels ; de meurtre ou encore d’assassinat par décapitation. Si le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff) a recensé 30 cas de féminicides entre janvier et mai 2023 au Cameroun, le collectif Stop féminicide 237, une fédération de 17 associations de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), en est à une soixantaine de cas au cours de toute l’année.
Une situation qui n’a pas laissé la Minproff, Marie Thérèse Abena Ondoa, indifférente. Au point de se demander, « Est-ce un péché de naître femme ? Les auteurs des féminicides et tous ceux qui les soutiennent d’une manière ou d’une autre, de près ou de loin, sont des criminels ayant perdu le sens de l’humanité ». La Première Dame du Cameroun, Chantal Biya, dans un message envoyé par le biais de son ONG Synergies africaines, à l’occasion de la célébration de la 39ᵉ Journée internationale des droits des femmes, constate même que les violences et les intimidations dont sont victimes les femmes dans le monde n’arrêtent pas de progresser. Pour Chantal Biya, les femmes sont davantage victimes de discrimination à l’embauche, elles sont sous-représentées dans les domaines des sciences et dans les hautes sphères de décision. Elles accèdent difficilement aux financements, etc.
Une stratégie nationale de lutte contre les VBG à pied d’œuvre
Face à cette persistance des violences contre les femmes perpétrées sur le territoire camerounais, le gouvernement a mis sur pied des programmes de riposte. Le plus récent est la stratégie nationale de lutte contre les VBG, élaborée en 2022 et qui est en cours d’implémentation sur l’ensemble du territoire national. « Les orientations sont données à l’échelle nationale. Cela veut dire que toutes les délégations régionales travaillent sur le terrain », affirme Vanessa Wongolo, chef du service de la promotion des droits civils de la femme au Minproff. Cette stratégie se veut particulière :« …c’est d’abord son approche holistique, il y a un groupe d’acteurs qui interviennent pour accompagner les survivants(es) dans le processus de rétablissement », ajoute-t-elle.
La stratégie du Minproff intègre les nouvelles formes de violences. Par ailleurs, l’accent est mis sur la situation sécuritaire du pays, car les violences sexuelles, par exemple, se développent généralement dans les zones de crise. Sur le terrain, plusieurs acteurs interviennent pour la mise en place de cette stratégie : « Il s’agit des plateformes de lutte contre les VBG. On retrouve les délégués régionaux du Minproff, des points focaux du Minsanté, des organisations de la société civile », indique Vanessa Wongolo. Une action commune qui rassemble autant d’institutions pour apporter un secours efficient aux personnes victimes de violences.
L’appel à plus d’engagement de la Commission nationale des Droits de l’Homme
La Commission recommande au gouvernement de renforcer le dispositif de répression des violences basées sur le genre et des pratiques néfastes contre la femme et la jeune fille. Notamment, en faisant rapidement aboutir le processus d’élaboration de l’avant-projet de loi relatif à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Elle invite également les populations en général et les parents en particulier à mettre davantage l’accent sur l’éducation de la jeune fille au même titre que sur celle du jeune garçon dont les agissements futurs traduisent très souvent des manquements dans la transmission des valeurs humaines dans le milieu familial.
Plus de cinq femmes tuées par heure dans le monde
Selon l’Organisation des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) et ONU Femmes, environ 45 000 femmes et filles dans le monde ont été tuées en 2021 par leurs partenaires intimes ou d’autres membres de la famille. Ces mêmes organismes estiment que toutes les heures, plus de cinq femmes ou filles sont tuées par des proches. En 2021, le taux des femmes victimes d’homicides commis par des familiers est estimé à 2,5 pour 100 000 femmes en Afrique, contre 1,4 dans les pays d’Amérique, 1,2 en Océanie, 0,8 en Asie et 0,6 en Europe.