L’affaire fait grand bruit à Yaoundé. Tant le procédé fait de l’effroi. Surtout, il s’agit d’un autre assassinat d’un journaliste, l’affaire Martinez Zogo faisant encore les choux gras de la presse. Au point où certains comme le Réseau des communicateurs pour l’environnement et l’information en Afrique centrale (Receiac), dont la victime faisait partie, ont qualifié la mort de Madame Sylvie Louisette Ngo Yebel, épouse Foung, comme « un affront à la dignité humaine et une menace pour la liberté d’expression et le travail des professionnels de la communication », écrit cette organisation dans un communiqué signé par son président Raoul Siemeni. Avant d’ajouter que « Ce crime d’une rare barbarie ne saurait et ne doit en aucun cas rester impuni. Par conséquent, le Receiac appelle le gouvernement camerounais à agir avec célérité par l’ouverture une enquête approfondie dans le but de faire toute la lumière sur cet assassinat dans les meilleurs délais », indique le même communiqué.
En effet, Sylvie Louisette Ngo Yebel, la victime est cette femme âgée de 47 ans, mariée et mère de 4 enfants, résidente dans le quartier Odza, qui avait disparu, le samedi 6 avril au soir, mais aucune alerte n’avait été émise avant l’horrible découverte, le dimanche 7 au matin. Son corps sans vie et atrocement mutilé est retrouvé, découpé en trois morceaux et mis à l’intérieur de deux valises, au quartier Elig-Edzoa. Un crime d’une violence et d’une cruauté insoutenables, dénonce le Receiac, un féminicide de plus au Cameroun pour le collectif Stop Féminicides 237.
Des soupçons d’un drame familial
Une enquête a été immédiatement ouverte par le SED, après la descente des gendarmes sur le lieu de la découverte macabre. Même si l’on ignore à ce stade qui sont les auteurs de ce crime et leurs motivations, des premiers éléments de cette enquête, il se murmure qu’un membre de sa famille a été emmené, le mardi 9 avril au Service central de recherches judiciaires de la gendarmerie, pour être interrogé. Il s’agirait de son propre fils, présumé auteur de ce crime, le nommé Batek Yebel Landry, récemment diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM), en tant que secrétaire d’administration. Il serait passé aux aveux devant les gendarmes. Lors d’une dispute avec sa mère, il l’aurait étouffée puis dépecée avec une scie avant de se débarrasser du cadavre à l’aide d’un complice toujours en fuite. Selon d’autres sources concordantes, le suspect du meurtre de Sylvie Louisette Ngo Yebel aurait également avoué aux gendarmes le meurtre de sa grand-mère en novembre 2023, un crime qui aurait été étouffé par sa propre famille.
Cela faisait plus de cinq ans que Sylvie Louisette Ngo Yebel travaillait pour la COMIFAC en tant qu’experte en communication. Cette organisation régionale réunit 11 pays d’Afrique centrale pour la conservation et la gestion durable des systèmes forestiers. Diplômée en communication d’entreprise puis en management environnemental et développement durable, Louisette Sylvie Ngo Yebel s’était spécialisée sur la biodiversité au Cameroun et en Afrique centrale, ayant travaillé comme responsable communication au sein de Traffic, une ONG qui surveille en réseau le commerce de la faune et flore sauvages.