On est au mois de mars, et c’est la période des pluies à Yaoundé. Le risque d’un éboulement de terrain ou l’effondrement d’une habitation construite dans une zone à risque est élevé. L’on a encore en mémoire, l’éboulement de terrain survenu au quartier Mbankolo, causé par de fortes pluies et la rupture d’une retenue d’eau, le 8 octobre 2023 à et a principalement affecté des habitations précaires, et fait environ 30 morts, 20 blessés et des disparus.
Une mise en danger de la vie d’autrui qui pourrait pourtant être évitée, si les pouvoirs publics assumaient pleinement leur rôle de sensibilisation et de répression à l’encontre de ceux qui construisent dans les zones pourtant déclarées non constructibles. Elles sont pourtant là visibles de tous, des habitations parfois huppées sur les flancs de collines, les zones marécageuses, contrebas des collines, etc.
Nkolbikok, Tsinga Elobi et Mokolo au lieudit Nyam-chacal dans l’arrondissement de Yaoundé II, Eloumden non loin de Nkolbisson dans l’arrondissement de Yaoundé VII ou après la Chapelle Mvog-Mbi dans l’arrondissement de Yaoundé VI, pour ne citer que ces exemples, sont des zones non constructibles où des habitations se sont développées. Ces zones à risque, apprend-on, font pourtant partie du domaine public et ne peuvent faire l’objet d’appropriation personnelle, sauf désenclavement préalable.
L’argument de la pauvreté tient peu
Pourtant, elles sont plus de 3000 maisons qui ont été répertoriées par les services compétents de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) en 2019. A titre préventif, elle envisageait de les détruire pour éviter de nouvelles catastrophes. Mais, jusque-là rien n’est fait, la tolérance administrative aidant. Pourtant, au regard des moyens mis à contribution dans la construction de certaines de ces habitations, l’argument de la pauvreté dont avancent certains pour justifier le recours à ces zones, ne saurait tenir.
« C’est peut-être une caricature, cette maison qui est à votre droite, pendant combien de temps peut-elle encore résister aux intempéries ». Ces propos sont du ministre de l’Administration territoriale. Paul Atanga Nji qu’accompagnait son homologue de l’Habitat et du Développement urbain, désignaient une maison de plusieurs niveaux perchée sur le flanc d’une colline non loin du lieu du drame de Mbankolo. Nous sommes le 9 octobre 2023.
A une vingtaine de mètres de la maison sus-désignée, un autre immeuble de sept niveaux brille par son architecture extraordinaire et sa position. En effet, cette maison dont les murs comptent sur, au plus, deux poteaux, s’étend sur une longueur d’au moins une vingtaine. Chose curieuse encore, les linteaux séparant les différents niveaux ont une épaisseur visiblement très réduite. Au-dessus de tout cela, la maison est entourée de petits rochers qui ruissèlent sans cesse d’eau.
Comme cette maison, plusieurs habitations dans ce quartier essentiellement fait d’un relief escarpé auquel s’ajoutent des roches font peur et, présagent des risques d’éboulements, si rien n’est fait. La zone est déclarée non constructible par les pouvoirs publics, cependant, il s’y est développé des constructions à la fois solides, faites par des individus fortunés au regard de leurs investissements, et précaires, en contrebas des collines, pour ces dernières. Vues dehors, ces maisons-solides ou celles fragiles- constituent de véritables dangers et ne tiennent qu’au gré des caprices de la nature surtout en ce temps où les bulletins météorologiques annoncent de fortes précipitations dans la ville.