Gros coup dur pour le panier de la ménagère. Les enfants ne mangent plus à leur faim. La raison, la hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché. Une situation qui contraint certaines populations de la ville de Yaoundé, par exemple, à modifier leurs habitudes de consommation. C’est le cas d’Anastasie Mewali, domiciliée au quartier Akok Ndoe, dans l’arrondissement de Yaoundé 7e. La mère de cinq enfants à charge a trouvé une formule qui semble efficace pour gérer sa modeste ration. Il est 12h, ce jeudi 11 avril 2024, lorsque l’équipe d’Album Social se rend au domicile de la jeune dame. En cette période de congés de Pâques, les enfants jouent dans la cour, loin de l’air pensive de leur mère.
Assise sur un canapé de trois places, disposé sur la véranda, la mère de cinq enfants réfléchit au menu du jour. Equation difficile, puisque celle-ci doit faire à manger avec la somme de 3000 FCFA, alors que les prix des denrées ont augmenté sur le marché. Anastasie a trouvé un début de solution. Tous les matins, la dame collecte l’argent du petit déjeuner des enfants. La somme reçue lui permet de cuisiner un repas consistant pour les enfants au petit matin. « Ça ne donne pas. Il faut manger. L’enfant ne sait pas qu’il n’y a pas, tout ce qu’il sait, c’est qu’il doit manger. Le matin, il faut donner le petit déjeuner et mettre le goûter dans le sac avant qu’ils n’aillent à l’école. Aujourd’hui, avec 5000 FCFA, je ne sais pas vraiment quoi cuisiner. Rien que la nourriture me prend plus de 70 000 FCFA par mois. Pour amortir un peu ces dépenses, j’utilise parfois l’argent des beignets des enfants pour cuisiner du « riz sauté », cela bourre le ventre et je fais la cuisine encore le soir pour qu’ils mangent une seule fois », explique Anastasie.
Augmenter la ration pour faire face au problème
Situation similaire au quartier Nkolbisson. Sur le marché, les prix sans cesse croissants des produits de grande consommation affectent également le quotidien des habitants. Les chefs de famille comme Adamou ont augmenté la ration. Objectif, faire face à la cherté de la vie. « La vie est devenue un peu plus difficile depuis que les prix des denrées alimentaires ont augmenté sur le marché. Je donnais 15 000 FCFA à ma femme pour la semaine. Aujourd’hui, c’est devenu insuffisant. J’étais obligé d’ajouter 5000F au-dessus », argue Adamou.
Sur les étals du marché de Nkolbisson, les aliments de première nécessité sont disponibles. Les clients se font rares. Légumes, tubercules, fruits… installés sur les comptoirs attendent les potentiels clients. Ceux qui s’arrêtent, s’en vont parfois sans l’aliment de leur convoitise. « Asso’o laisse-moi ce régime de plantain à 2000 FCFA », lance une dame à maman Abomo. La commerçante ne peut pas satisfaire la demande de sa cliente. « Les prix ont changé Asso’o. Donne-moi 3000 FCFA, tu pars avec », réplique Abomo. Les deux femmes se séparent sans suite. La déception se lit sur le visage de la commerçante. Elle vient de manquer sa deuxième cliente de la journée.
Les denrées alimentaires sont devenues chères. Les cultivateurs se plaignent des coûts du transport de la brousse pour le marché. Cette situation est due à l’augmentation des prix du carburant à la pompe. Ce qui fait que lorsqu’on achète la marchandise, on est obligé d’ajouter au moins 500 FCFA pour faire des bénéfices,
argumente Julienne Abomo, commerçante au marché de Nkolbisson.