La pauvreté est une réalité au Cameroun. Selon les statistiques de la Banque mondiale, environ 6,9 millions de Camerounais vivent actuellement dans l’extrême pauvreté. Plus de 25% de la population camerounaise vit sous le seuil de pauvreté, et la crise causée par la pandémie de Covid-19 a encore aggravé les choses, en y plongeant 400 000 personnes supplémentaires. Et en frappant plus durement les jeunes.
En réponse à cette situation préoccupante, le gouvernement camerounais, avec l’appui de la Banque mondiale, a mis sur pied le projet de filets sociaux. Instrument phare de l’assistance sociale au Cameroun, les filets sociaux sont des mécanismes de lutte contre la pauvreté chronique. Ils consistent en la mise en place des programmes bien ciblés qui permettent aux bénéficiaires de résister aux chocs et d’améliorer leurs conditions de vie.
Après la première de ce projet (2013-2022), l’on est passé depuis 2023 au Projet Filets Sociaux Adaptatifs et d’Inclusion Economique (PFS-AIE), qui s’étale sur la période 2023-2028. Il s’agira au cours de cette nouvelle initiative de la coopération Cameroun-Banque mondiale, d’étendre la couverture du système de filets sociaux aux ménages les plus démunis, et de soutenir l’entrepreneuriat chez les jeunes âgés de 18 à 35 ans dans les zones urbaines.
146,752 milliards de FCFA pour un total de 356 000 bénéficiaires
Le PFS-AIE bénéficie de l’appui financier de la Banque Mondiale à hauteur de 92,752 milliards de FCFA pour 217 000 bénéficiaires et des financements de l’Etat du Cameroun qui se chiffrent à 54 milliards de FCFA pour 138 500 bénéficiaires. Soit un montant cumulé de 146,752 milliards de FCFA pour un total de 356 000 bénéficiaires pour la période 2023-2028.
La mise en œuvre de cet important projet est articulée autour de 05 programmes, à savoir : le programme de transferts monétaires ordinaires doté de mesures d’accompagnement, afin de continuer les appuis aux ménages pauvres pour les amener à accroître leur productivité ; le programme de transferts monétaires d’urgence sous forme d’appuis aux ménages pauvres dans les régions en proie aux chocs climatiques, à l’insécurité, à l’afflux massif des personnes déplacées et des réfugiés ; le programme de transferts monétaires en échange des travaux à Hautes Intensité de Main d’Œuvre en milieu rural et en milieu urbain ; le programme d’inclusion économique des jeunes destinés aux jeunes âgés de 18 à 35 ans, travailleurs du secteur informel dans les zones urbaines en qualité d’entrepreneurs de subsistance ; et le programme de concours des plans d’affaires qui permet d’apporter des appuis aux jeunes entrepreneurs dans les zones urbaines.
Environ 2 400 000 individus sortis de la pauvreté entre 2013 et 2022
Les mécanismes de filets sociaux expérimentés au Cameroun au cours de la période 2013-2022, avec le concours de la Banque mondiale et de l’Agence Française de Développement, ont permis à 385 500 ménages (environ 2 400 000 individus) de bénéficier des transferts monétaires, pour un montant global de 54,5 milliards de FCFA, à travers 04 programmes. Ce qui a contribué à améliorer sensiblement leurs conditions de vie et à résoudre leurs problèmes de santé, de nutrition, d’éducation, et surtout à dynamiser l’économie locale à travers la réalisation de petites activités génératrices de revenus, notamment dans l’agriculture, l’élevage, le petit commerce, la coiffure, la couture, la fabrication de certains produits, l’acquisition du matériel productif, etc.
Aux quatre coins du Cameroun, le projet de filets sociaux donne donc de l’espoir aux ménages pauvres et vulnérables. Il procure aux bénéficiaires des allocations monétaires ou des emplois temporaires sur des chantiers de travaux publics. Le principe : leur prêter main-forte en cas de coup dur et les aider à sortir de la pauvreté.
Quand le projet de filets sociaux a été lancé en 2004, le Cameroun, précise-t-on à la Banque mondiale, ne disposait pas de stratégie nationale en matière de protection sociale, ni de mécanismes coordonnés pour soutenir en priorité les populations pauvres. Cette opération est donc venue aider le pays à renforcer sa stratégie de lutte contre la pauvreté et à mettre en place un système de protection sociale efficace.