Le tout premier Forum africain de l’Économie Sociale et Solidaire a été organisé en terre camerounaise. Placé sur le thème :
les modèles africains de l’économie sociale et solidaire : vers la Co-construction d’une économie humaine ancrée dans les territoires ,
l’événement a servi de cadre à une réflexion panafricaine multi acteurs, pour une Économie Sociale et Solidaire (ESS) de construction et de transformation. Le but est de partager, soutenir et accompagner les différents modèles d’ESS, selon les contextes. Pendant trois jours, les acteurs de ce forum -incluant les gouvernements ; les organisations internationales ; les ONG ; les universités et les instituts de recherche-, auront l’occasion de présenter et partager leurs expériences dans un contexte où le développement de l’ESS est une préoccupation mondiale. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, l’Organisation des Nations Unies (ONU) en a fait un modèle socioéconomique adapté à l’atteinte des ODD, ce, à travers la résolution A/77L.60. En particulier, la résolution de l’ONU met l’accent sur la contribution de l’économie sociale et solidaire au travail décent, à la promotion des normes internationales du travail et des droits fondamentaux au travail, à la réduction de la pauvreté, ainsi qu’à la transformation et à l’inclusion sociale.
Mention bien pour le Cameroun où le concept « Economie Sociale » est institutionnalisé depuis 2004 avec la création d’un département ministériel entièrement dédié à ses activités. En outre, le pays a prouvé son attachement indéfectible à cet engagement à travers la signature, le 25 avril 2019, de la loi-cadre n° 2019/004 régissant l’Économie Sociale au Cameroun, par le chef de l’État, Paul Biya. Un cadre réglementaire s’inscrivant dans le sillage des instruments internationaux définis par l’Organisation Internationale du Travail.
L’économie Sociale et Solidaire, au cœur de nos travaux, se pose aujourd’hui et se positionne désormais de façon efficace, non seulement comme un instrument de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale, mais davantage comme le catalyseur d’une croissance économique forte, tourné vers la création de richesses et d’emplois décents, d’un développement endogène et inclusif respectueux de l’homme, de l’environnement et surtout de la nature,
a souligné le MINPMEESA, Achille Bassileken III.
Primauté sur la personne
Dans le pays, le domaine de l’Economie Sociale, constitué principalement des coopératives et des Groupes d’initiative commune (GIC), prend de plus en plus de l’envergure. Il est une niche importante de création d’emplois et de richesses. C’est ce qui explique la présence de nombreux exposants en marge de ce forum, regroupés en Réseau Local de l’Économie Sociale et Solidaire en abrégé RELESS.
Nous faisons dans la transformation des produits vivriers et maraîchers. Nous faisons également dans la fabrication du tissu Ndop. Nous avons ici des produits transformés tels que des légumes séchés, la farine de maïs, la poudre de gingembre, le piment liquide…
indique Inès Mouayem, l’une des 4 représentants du RELESS de Baham, dans les Hauts Plateaux à l’Ouest du Cameroun.
Notre participation à ce forum est dans l’objectif connaître les autres producteurs, et se faire connaître, connaître qui fait quoi, et surtout, d’échanger afin de gagner des partenariats pour travailler en synergie et aller plus loin,
ajoute-t-elle.
A l’aune de la SDN30 qui a pour objectif la transformation structurelle de l’économie du Cameroun, avec à la clé, l’import-substitution, l’économie sociale occupe une place majeure. Afin de permettre à l’économie sociale de jouer pleinement son rôle dans le développement économique, il est judicieux et opportun qu’elle soit encadrée pour une contribution significative au développement local. C’est le champ de bataille de la société coopérative des Formateurs en Économie Sociale et Solidaire au Cameroun (FORESSCAM), qui forme et encadre les producteurs de richesses.
Nous travaillons beaucoup plus avec des agriculteurs, des informaticiens, etc. Nous leur dispensons 4 à 5 formations. Nous leur expliquons comment développer un projet, comment gagner de l’argent,
indique Anaïs Zang, agent de FORESSCAM.
Pour implémenter la politique d’ESS, cette structure met au centre de son activité, la collaboration et l’harmonie entre acteurs.
Lorsqu’un jeune vient vers nous avec un projet, nous lui mettons en contact avec d’autres jeunes qui exercent dans le même domaine que lui afin qu’ils forment une coopérative. Car, nous pensons qu’ensemble, on est plus fort, et on va plus loin,
précise Anaïs Zang
A ce jour, l’entreprise a déjà mis sur pied une quarantaine de coopératives.
Une alternative concrète et innovante
Pour la présidente du Réseau National de l’Économie Sociale et Solidaire du Cameroun, Léontine Evina:
Les échanges nourriront sans aucun doute la feuille de route que nous entendons mettre en place pour accélérer le développement de ce secteur sur notre continent.
Selon elle, les principaux objectifs de ce forum sont la création d’un espace d’échange entre acteurs de l’ESS en Afrique, l’identification des enjeux, défis et opportunités du secteur de l’ESS. Mais également, favoriser la mise en réseau et la coopération entre les écosystèmes nationaux africains, la définition d’une feuille de route pour accélérer le développement de l’ESS, la sensibilisation et la promotion de l’ESS auprès des décideurs politiques et du grand public.
L’ESS représente une alternative concrète et innovante face aux défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels nous sommes confrontés. Elle place l’humain et ses besoins au cœur de l’activité économique en privilégiant les valeurs de coopération, de solidarité et de responsabilité,
précise Léontine Evina.
A titre de rappel, le dernier Forum mondial sur l’Économie Sociale et Solidaire s’est tenu en Afrique, précisément au Sénégal en mai 2023. Plus de 5 000 personnes provenant d’environ 250 villes et 70 pays y avaient pris part. Et dans la déclaration de clôture de cet évènement mondial, les acteurs ont déclaré que
l’Économie Sociale et Solidaire est aujourd’hui le modèle socio-économique le plus adapté à l’atteinte des objectifs de développement durable de l’ONU d’ici 2030.
Une déclaration qui invite à mettre en œuvre par des actions concrètes les résolutions de l’ONU au sujet de l’ESS.