Au Cameroun, l’élevage d’hannetons, communément appelé « fossiculture » a le vent en poupe. Le ramassage de ces vers blancs dans la nature ne suffit plus pour satisfaire la demande des consommateurs. Dans le pays, des techniques d’élevage hors forêt des larves de hannetons, font école en milieu rural comme en zone urbaine, et permettent d’améliorer l’offre. Nombre de jeunes se lancent dans cette activité, motivés par sa grande rentabilité.
L’élevage d’hannetons est l’un des investissements les plus rentables à l’heure actuelle au Cameroun,
indique Jacques Relfin Moussi Makendi, promoteur de la coopérative Production des Foss et Tournesol du Cameroun (Profotocam).
Seulement, l’activité n’est pas encore encadrée.
Nous avons remarqué que ces activités sont un peu disparates dans le pays, et avec une coopérative, nous pensons que nous serons plus forts et que les produits que nous allons promouvoir seront plus respectés,
précise le directeur général du secteur Centre de Profotocam, Roger Gwet.
Former aux bonnes pratiques d’élevage
Le samedi 1er juin 2024, à quelques encablures du rond-point Tropicana à Yaoundé, une formation réunissant des membres et non membres de la coopérative s’est tenue. Plusieurs thèmes ont été abordés à l’instar du choix du site ; le choix de l’aliment en fonction du climat ; le choix du géniteur ; la production de la mélasse ; la désinfection des bagasses ; le montage des bacs et la transformation des larves pour les géniteurs vierges.
Actuellement, si vous allez dans un marché où l’on vend des hannetons, on va vous raconter une tonne d’anecdotes sur l’élevage d’hannetons, qui ne sont pas vraies,
souligne le DG de Profotocam Centre, Roger Gwet.
Le but de ces formations, c’est de promouvoir des produits de qualité, provenant de substrats bio, garantissant la production d’hannetons sains. Une formation bien accueillie par les apprenants, qui bien que disposant d’un emploi ont décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat pour arrondir leur revenu.
L’avantage ici, c’est que c’est pratique, on est suivi, et cela ouvre un marché pour tous ceux qui veulent se lancer dans cette activité,
indique Abel Kolle Ndame, qui est informaticien et producteur d’hannetons.
Cette formation va venir parfaire ce que je connaissais déjà un peu. On a besoin de s’améliorer davantage, et lorsqu’on a en face de nous des personnes expérimentées, on doit profiter de leur expérience. Et aussi, je me dis que c’est une brèche qui s’ouvre sur de nouveaux marchés,
se réjouit Megne Epse Tamgkou, enseignante de profession, et par ailleurs, productrice d’hannetons et géniteurs.
Avant de rejoindre cette formation, elle élevait déjà ces chenilles, mais ne parvenait pas à les écouler à cause de la flexibilité de la demande. Or après cette formation, elle a la possibilité de rejoindre la coopérative, qui dispose déjà de quelques marchés cibles. La formation du 1er juin a réuni une quinzaine d’apprenants.
Promouvoir le développement local
La fossiculture est une activité encore non conventionnelle au Cameroun. Profotocam œuvre au quotidien pour la rendre conventionnelle, la faire encadrer par l’Etat, afin de donner une voie sûre à tous ceux et celles qui souhaitent se lancer dans ce secteur.
Nous travaillons en coopérative, et nous avons décidé de l’étendre dans quatre régions, notamment le Centre, l’Est, le Littoral et l’Ouest. L’idée est née parce que l’on s’est rendu compte qu’on produisait, mais on ne parvenait pas à commercialiser, parce qu’on n’avait pas de la crédibilité. Les gens n’étaient pas convaincus de nos productions,
explique le promoteur de Profotocam, Jacques Relfin Moussi Makendi.
Selon lui, ensemble on est plus fort.
Si quelqu’un te demande de lui livrer 100 kg d’hannetons, ce n’est pas facile de le faire tout seul ; alors que quand on se regroupe, on peut avoir facilement la main d’œuvre, et on peut faire une bonne production,
lance-t-il.
Formateur en fossiculture depuis plusieurs années, il a décidé de créer un réseau avec les personnes formées intéressées à travailler main dans la main à travers la coopérative. Pour adhérer à cette coopérative, il suffit d’approcher le promoteur et déclarer son envie de faire partie de la coopérative.
Pour adhérer à la coopérative, ce n’est pas compliqué. Il suffit de s’inscrire. L’inscription coûte 100.000 Fcfa,
indique Makendi.
Cet argent est destiné à la construction des sites d’élevage et à l’achat de matériels de travail. S’en suivra un processus bien défini, dont à la clé, une série de formations préalables.
La formation est à 95 % pratique et 5% théorique, nous montrons comment monter un bac, comment faire un dépouillement des hannetons qui ont déjà atteint l’âge, comment faire pour avoir des géniteurs sans lesquels, on ne peut pas avoir de larves,
ajoute-t-il.
30% de produits made in Cameroon dans les supermarchés
Si la fossiculture est un secteur très lucratif, un problème se pose généralement au niveau de la commercialisation.
La commercialisation a toujours été le hic pour nous. Nous sommes en pourparlers avec le Minepia depuis près de 3 mois. Nous savons qu’ils ont la mainmise sur le registre de commerce. Et aujourd’hui, les produits made in Cameroon doivent être représentés à 30% dans les supermarchés camerounais,
affirme Makendi.
Son cheval de bataille, c’est de faire en sorte que ses produits soient transformés et empaquetés pour être vendus dans des grandes surfaces, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
A la coopérative PROFOTOCAM, nous avons déjà fait sortir une boîte de conserve qui est actuellement en observation pour voir le temps que ça peut faire avant de se périmer,
indique le promoteur.
La coopérative Profotocam est un exemple d’économie sociale et solidaire, instrument de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale. Pour l’instant, les formations sont soutenues par le Minepia et l’Ets Extra Multi-Services, réduisant ainsi le coût d’accès. Ils sont ouverts à tout jeune camerounais désireux d’apporter sa pierre à l’édification du développement du pays. Ces formations sont continuelles, et plusieurs sessions sont déjà programmées pour les jours à venir dans les villes de Douala et Yaoundé.