Quelle appréciation faites-vous de l’initiative FIPROD de l’Ohada ?
C’est une bonne idée que l’Ohada a eue de mener la réflexion sur la mise en œuvre des politiques RSE en Afrique. Cette initiative permet à l’Ohada de voir dans quelle mesure elle peut apporter sa contribution à l’intégration de la Responsabilité sociétale des entreprises dans les stratégies de celles-ci. C’est une bonne réflexion qui est menée.
La Côte d’Ivoire est membre de l’espace Ohada. C’est dire que tout ce qui se décide ici au niveau de cette institution a une valeur supranationale. Donc, c’est crucial que mon pays soit représenté au Forum international des professionnels du droit et du chiffre organisé par l’Ohada. C’est important pour nous de participer à ces échanges et d’apporter notre contribution à l’édifice.
Quelle est la particularité de la RSE en Côte d’Ivoire ?
Il faut dire que les entreprises ivoiriennes ont pris le train de la RSE en marche depuis plus d’une dizaine d’années. Nous avons de très belles expériences, le plus souvent avec de grandes et de moyennes entreprises. De très belles choses sont faites. Le sujet est très important pour le patronat ivoirien. A ce niveau par exemple, nous avons mis en place une commission chargée de faire la promotion de la RSE. Nous avons également institué des visites d’immersion. Elles nous permettent de nous rendre dans des entreprises pour voir ce qu’elles font en matière de RSE. C’est dire tout l’intérêt que porte les acteurs de la chaine de valeur en Côte d’Ivoire pour les initiatives RSE. Cependant, il y a un challenge. L’intégration des PME (Petites et moyennes entreprises ndlr) dans la mise en œuvre de ces politiques RSE. Ce n’est pas toujours évident parce qu’elles n’en perçoivent pas encore l’intérêt ou les implications. Tout compte fait, nous travaillons sur cette question.
Quelles mesure le patronat ivoirien prend-il pour intégrer les PME dans les politiques RSE ?
Nous organisons des campagnes de sensibilisation et de formation des entreprises et des PME sur la question de savoir comment élaborer des stratégies RSE. Actuellement, il est question de mettre à leur disposition des outils. Une chose est de dire à une PME qu’il faut entreprendre une démarche RSE. Une autre, c’est de lui donner les moyens de le faire. Ceci dit, nous travaillons sur l’élaboration d’une boîte à outils, et nous espérons que le projet aura des résultats positifs.
Nous voulons montrer aux PME qu’on n’est jamais trop petit pour intégrer la RSE dans ses objectifs de développement. Aussi, nous voulons leur faire comprendre que la RSE participe au développement durable de l’entreprise. Peu importe la taille de l’institution, si l’on veut s’inscrire dans la durabilité, il faut intégrer la RSE. C’est une nécessité. Cela commence à faire son chemin. Il faut beaucoup, de sensibilisation et de dialogue. Mais, je pense que nous sommes sur la bonne voie.
Comment les politiques RSE ont-elles contribué au développement économique et social de la Côte d’Ivoire ?
Dans le cadre de la mise en œuvre des politiques RSE, beaucoup d’entreprises font profiter aux populations d’une partie de leurs revenus. De nombreuses entreprises construisent des hôpitaux, des maternités… Il y en a qui embauchent les populations locales et d’autres encore se donnent des quotas pour recruter ces populations locales. Des écoles sont également construites pour favoriser l’éducation chez les jeunes. Beaucoup d’autres initiatives comme celles-là sont observables à travers le pays.
Quelles sont les difficultés liées à la mise en œuvre des politiques RSE en Côte d’Ivoire ?
Bien entendu, il y a des difficultés. Il ne faut pas perdre de vue que la mise en œuvre d’une démarche RSE génère des coûts. Ces coûts sont certainement acceptables pour les grandes et les moyennes entreprises. Toutefois, ce n’est pas très souvent le cas pour les PME. C’est là que se trouve le défi de l’accompagnement. Il faut accompagner les Petites et moyennes entreprises parce qu’elles ont besoin de ressources humaines…
La RSE est un concept encore nouveau. Donc, il faut la traduire dans le quotidien de l’entreprise. Il faut une certaine expertise qu’elles n’ont pas. Pour cela, nous faisons appel à des spécialistes du domaine. Il faut également repenser le modèle économique de l’entreprise. L’ensemble de ces opérations a forcément des incidences. C’est pourquoi il est important de les accompagner, de les orienter pour qu’elles puissent prendre le train de la RSE en marche. Cela leur permettra de profiter des bénéfices attachés à la démarche RSE.
Propos recueillis par Gaïtano TSAGUE