La réussite sociale est désormais une option pour les enfants de la rue. Le Foyer de l’espérance de Yaoundé offre aux jeunes vivant dans la rue la possibilité de s’instruire et d’apprendre un métier. Dans une salle située derrière bloc administratif, l’ambiance est joyeuse. Les enfants dont la moyenne d’âge est d’environ sept ans sont en plein cours d’alphabétisation. Les apprenants sont enthousiastes. Ces derniers ne cessent d’interpeller Raymond, leur enseignant.
Monsieur, j’ai fini. Monsieur, venez regarder mon ardoise,
lancent les élèves.
Au programme de la leçon du jour, l’alphabétisation. Ce cours est réservé aux enfants qui n’ont aucune base.
A 11h, nous dispensons des cours de remise à niveau. Comme ils se sont retrouvés dans la rue, certains ont oublié des notions. Les résultats sont positifs parce qu’ils ont la volonté d’apprendre. C’est ce qui importe le plus. Comme nous sommes déjà en fin d’année scolaire, je vais orienter certains vers l’école et d’autres pour la formation, d’ici septembre,
explique Raymond Eyéné, instituteur.
Ce suivi des enfants de la rue s’inscrit dans la continuité des missions que le Foyer de l’espérance s’est fixées dès sa création en 1977.
La mission principale du Foyer, c’est la réinsertion socio-familiale des enfants vivant dans la rue. Étant donné que le foyer a plusieurs pôles, chacun a ses missions bien définies, même si le travail se fait en synergie. Pour ce pôle qui est un centre d’hébergement, la mission est de stabiliser l’enfant qui nous parvient et de faire la médiation entre l’enfant et sa famille en vue de les remettre ensemble,
argue Tarcile Mbous, directrice de la Maison Frère Yves.
Une initiative qui vise également à faciliter l’insertion sociale des jeunes de la prison, selon le coordinateur du Foyer de l’espérance, Alfonso Ruiz.
La confiance, la clé de la réussite
Pendant 47 ans, l’institution a tenu le cap grâce notamment aux dons et à l’accompagnement de certains organismes internationaux à l’instar de : Sœurs de la compassion, Misiones donostia ; Misione la rioja, entre autres. Pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés, le Foyer de l’espérance a créé six pôles d’activité. Parmi eux, la Maison Frère Yves qui accueille les garçons âgés entre 08 et 16 ans, le temps de leur réinsertion familiale. Un autre pôle que compte cette organisation à but non lucratif, le foyer de l’Arche de Noé. Celui-ci prend en charge les mineurs sortis de prison. Dans ce centre, les jeunes de la prison ou de la rue dont la réinsertion familiale est difficile sont orientés vers des formations professionnelles en vue de préparer leur épanouissement dans le monde du travail.
Il y a des éducateurs qui vont dans la rue deux à trois fois par semaine pour discuter avec ces enfants. Parce qu’il faut créer un climat de confiance pour qu’ils nous racontent leurs problèmes, ce qui les a amenés dans la rue. On leur propose très souvent de venir de temps en temps dans l’un de nos centres se laver, manger, laver leurs vêtements et autres activités,
laisse entendre Alfonso Ruiz.
Au cours de ses 47 années d’existence, le Foyer de l’espérance a trouvé des partenaires locaux pour l’aider dans sa mission. Certains établissements scolaires apportent leur pierre à l’édifice en scolarisant gratuitement les pensionnaires du Foyer.
Nous ne scolarisons pas les enfants qui ont été orientés vers l’école nous-mêmes. Nous préférons les envoyer dans les écoles avec les autres enfants, parce que le fait d’aller à l’école est un acte de socialisation. A travers cela, nous voulons que ces enfants se sentent comme tous les autres. Tout cela coûte énormément d’argent. Certains collèges nous font des réductions. Il y en a même un qui scolarise gratuitement les jeunes que nous leur envoyons. Nous recevons des aides comme celles-là qui nous sont très utiles. Je vous parle de nourriture de santé de logement…
poursuit le coordinateur du Foyer de l’Espérance.
47 ans après sa création, le dévouement du Foyer de l’espérance est le même. L’organisation continue de redonner espoir aux enfants de la rue et aux mineurs sortis de prison.