À la tombée de la nuit, lorsque les lumières s’allument et que les rues s’animent, les enfants de la rue se préparent à affronter une nouvelle nuit d’incertitude.
Je n’ai pas de maison, mais je dors ici,
explique Kévin, 13 ans, en montrant un coin sombre derrière une boutique.
Les trottoirs deviennent leurs lits, et l’absence de couverture les expose à des températures parfois fraîches.
La nuit, il y a beaucoup de bruit, et parfois des gens nous volent, d’autres essayent,
ajoute-t-il, avec une tristesse dans les yeux.
Le matin commence souvent par une quête désespérée pour la nourriture. Hervé, 11 ans, raconte :
Parfois, nous fouillons dans les poubelles, mais d’autres fois, une bonne âme nous donne un morceau de pain
Dans les marchés animés comme celui de Mvog-Mbi et Mokolo, certains enfants s’agrippent à des sacs de fruits pour en récupérer des invendus. Mais la peur d’être repoussés ou d’attirer des regards méfiants est omniprésente.
La société camerounaise, souvent dure envers ces enfants, les perçoit parfois comme des fauteurs de troubles.
Beaucoup de gens nous croisent sans nous regarder
explique Fatou, 12 ans.
Ils pensent que nous sommes des voleurs, mais ils ne connaissent pas nos vies,
raconte-t-il.
Ce rejet amplifie leur isolement et leur détresse. Les enfants de la rue sont négligés par un système qui devrait les protéger.
Des voix qui émergent
À Yaoundé, des initiatives comme le « Resto du cœur » tentent de sortir ces enfants de la marginalisation sociale. Ce projet leur offre un repas quotidien et des activités qui leur rappellent la vie familiale qu’ils ont perdue. Bien que l’inscription ne soit pas fermée, de nombreux enfants fréquentent régulièrement ce lieu, qui leur donne un semblant de stabilité dans leur vie chaotique.
Ces efforts, bien que modestes, représentent une lueur d’espoir pour ces enfants, qui rêvent de retrouver un cadre familial et une vie normale. Cependant, le chemin vers la réinsertion est long, difficile, et nécessite une action collective pour briser le cycle de la rue, et offrir un avenir plus prometteur à ces jeunes oubliés.
La vie des enfants de la rue à Yaoundé est une réalité complexe, mêlant douleur et espoir.
Mon rêve est de devenir médecin
confie Clément, 14 ans.
J’espère qu’un jour, je pourrai aider d’autres enfants comme moi
Malgré les dures réalités de leur existence, beaucoup conservent des rêves et des aspirations. Kévin, au souvenir de son ancienne école, ajoute :
J’aimais apprendre. Je souhaite revenir à l’école, mais je ne sais pas comment
Avec assez de chance, il pourra peut-être réaliser ce rêve.