C’est un dispositif mis en œuvre depuis juillet 2024, après une phase pilote conduite dans les régions du Centre, du Sud, du Littoral et de l’Ouest. La généralisation de cet algorithme, adoptée par la décision n°3015 du 8 juillet 2024, marque une transformation profonde de la stratégie nationale de dépistage. Aujourd’hui, ce sont 3 371 formations sanitaires réparties sur l’ensemble du territoire qui appliquent cette méthode, avec l’appui de 77 organisations communautaires œuvrant à élargir l’accès au dépistage, notamment auprès des jeunes, des adolescents et des populations clés. L’introduction de ce protocole à trois tests s’aligne sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et vise à garantir une fiabilité du diagnostic supérieure à 99 %.
Désormais, trois résultats réactifs consécutifs sont requis pour confirmer un cas de séropositivité, contre deux auparavant. Ce renforcement du processus de vérification a permis de réduire considérablement le risque de faux positifs et d’améliorer la qualité des résultats, assurant ainsi une orientation plus fiable vers les soins. Grâce à cette innovation, plus de 85 % des femmes enceintes reçues en première consultation prénatale bénéficient d’un dépistage utilisant le nouvel algorithme. Une avancée majeure dans le cadre de la stratégie nationale de triple élimination du VIH, de la syphilis et de l’hépatite B de la mère à l’enfant. Selon les données du ministère, la prévalence du VIH est passée de 2,7 % en 2023 à 2,3 % en 2024, confirmant l’impact positif de la réforme sur la réduction du taux d’infection.
Une digitalisation au service de la performance sanitaire
Le dispositif introduit s’accompagne d’une modernisation complète du système de suivi et de collecte des données. Le ministère a intégré ScanForm, un outil basé sur l’intelligence artificielle, qui transforme automatiquement les fiches de dépistage papier en rapports numériques intégrés au système national d’information sanitaire (DHIS2). Cette digitalisation des processus permet d’améliorer la traçabilité, la fiabilité et la rapidité de traitement des informations sanitaires. Par ailleurs, l’intégration de l’algorithme dans les banques de sang contribue désormais à renforcer la sécurité transfusionnelle sur l’ensemble du territoire. Ce volet, souvent négligé dans la lutte contre le VIH, a permis de réduire de manière significative les risques de transfusion de sang contaminé. Le Cameroun, pionnier dans l’application systématique de ce modèle, a vu ses résultats reconnus sur la scène internationale.
Ses travaux ont été présentés dans plusieurs conférences scientifiques et publiés dans des revues de référence telles que le Journal of Clinical Virology et le Journal of Molecular Diagnostics. Ces efforts ont valu au pays un Prix de l’innovation en diagnostic du VIH, décerné lors de la conférence CQUIN 2024 tenue en Afrique du Sud. Une distinction qui confirme la crédibilité du modèle camerounais et la pertinence de son approche intégrée de dépistage. Toutefois, ces progrès s’accompagnent de nouveaux défis. Le recul des financements extérieurs, notamment du PEPFAR et du Fonds mondial, oblige le gouvernement à explorer des solutions de financement endogènes pour assurer la pérennité des acquis. Le Dr Malachie Manaouda a rappelé à cette occasion la détermination du gouvernement à garantir un accès équitable et gratuit aux services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH.
L’ensemble de ces actions s’inscrit dans le cadre du Plan stratégique national 2024-2030, évalué à 692 milliards de FCFA, dont l’objectif est de réduire durablement l’incidence, la morbidité et la mortalité liées au VIH, tout en limitant son impact sur le développement socio-économique. Ce plan repose sur dix-sept priorités, parmi lesquelles la prévention de la transmission mère-enfant occupe une place centrale.
Grâce à votre mobilisation, cette innovation est aujourd’hui une réalité dans nos formations sanitaires et au sein des communautés
a déclaré le ministre de la Santé publique, avant de réaffirmer l’engagement du gouvernement à poursuivre la lutte jusqu’à l’élimination du sida comme problème de santé publique d’ici 2030.
