La gratuité du traitement du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans est en vigueur au Cameroun depuis 2011. Toutefois, cette mesure peine à être appliquée sur le terrain. Marie Louise Ngami, une veuve de 67 ans vit avec plusieurs enfants et petits-enfants à sa charge. La dame ne se souvient pas avoir déjà bénéficié de ce privilège accordé aux enfants.
« De nos jours, si tu tombes malade, tu vas mourir si tu n’as pas d’argent. Quand tu arrives à l’hôpital avec un enfant atteint de paludisme, on ne le regarde pas tant que tu n’as pas sorti l’argent, même pour les premiers soins. Avant, on prenait une perfusion composée à 7 000 FCFA. Aujourd’hui, après trois jours de paludisme à l’hôpital, on se retrouve avec une facture de 50 000 FCFA. Mon mari ne vit plus, si l’enfant tombe malade, qui va sortir de l’argent ?
s’indigne la sexagénaire, le regard tourné vers les enfants qui s’amusent sur la véranda.
Comme elle, beaucoup d’autres parents font face à cette difficulté. Lutter contre le paludisme est devenu une équation à multiples inconnus. Rose Chin est une mère de trois enfants. Elle affirme avoir toujours payé les factures dans les hôpitaux. Devant sa boutique sise au quartier Melen à Yaoundé, la jeune dame, la trentaine apparente partage son expérience avec l’équipe d’Album Social.
Je ne peux pas affirmer que le traitement du paludisme est gratuit. J’ai une fois amené ma fille à l’hôpital. Après avoir diagnostiqué la maladie, on l’a mise sous traitement. Elle a reçu sept perfusions et j’ai payé une facture de 76 000 FCFA. La subvention n’est pas vraiment visible. C’est très décourageant. Même pour entrer en possession d’une moustiquaire imprégnée, tu dois avoir des relations. C’est compliqué,
explique Rose Chin.
Les contraintes d’une effectivité complète
Pour le corps médical, la gratuité de la prise en charge des enfants de moins de 5 ans souffrant de paludisme commence à la consultation. Seulement, cette mesure ne concerne que certains protocoles de traitement. Le traitement gratuit du paludisme comprend l’artéméther, la luméfantrine ou encore l’artésunate, entre autres. Au Centre médical d’arrondissement d’Obili (CMA d’Obili), les responsables assurent que le traitement du paludisme est gratuit chez les enfants ciblés.
Les examens du paludisme sont gratuits chez les enfants de 0 à 5 ans. C’est ce qu’on appelle dans notre jargon, le TDR. Cependant, si l’on détecte un autre problème chez l’enfant comme la drépanocytose par exemple, il faudra payer pour cet examen-là qui n’a rien à voir avec le paludisme,
affirme Cathérine Ngwe, infirmière au CMA d’Obili.
Cette initiative de l’Etat de soutenir les populations vulnérables se heurte très souvent au problème de la disponibilité des produits au Fonds régional de la santé. Une situation qui oblige les centres de santé à fonctionner avec les médicaments propres à la structure médicale. A titre de rappel, jusqu’en 2011, cette gratuité ne s’appliquait qu’aux cas de paludisme simple. En 2014, elle a été étendue au paludisme grave chez les enfants de la même tranche d’âge. Le paludisme, cette maladie parasitaire infectieuse est causée par un protozoaire du genre Plasmodium transmis à l’homme par la piqûre de l’anophèle femelle. La fièvre, symptôme le plus fréquent, est le critère de base le plus fiable pour le diagnostic, le traitement et le suivi de la maladie.