Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) s’alarme de
l’aggravation de la faim en Afrique de l’Ouest et centrale, alors que les besoins atteignent des niveaux records.
L’organisme humanitaire onusien l’a fait savoir dans un communiqué rendu public, le 09 mai 2025.
De juin à août 2025, 52 millions de personnes devraient être confrontées à la difficulté de se nourrir en Afrique de l’Ouest et centrale,
prévient l’agence humanitaire des Nations-Unies chargée de la lutte contre la faim dans le monde.
Selon le Cadre harmonisé d’analyse de la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et centrale, 36 millions de personnes
peinent déjà à satisfaire leurs besoins alimentaires et nutritionnels de base.
Le PAM prévoit que ce chiffre pourrait accroître jusqu’à 52 millions pendant la période de soudure (de juin à août), dont trois millions en situation d’urgence (IPC4).
Plus de 10 millions de déplacés du fait des conflits
Outre les conditions climatiques extrêmes par exemple dans le bassin du lac Tchad et en République centrafricaine (RCA), les autres principaux facteurs identifiés comme aggravant les risques de famine, sont les conflits persistants, les déplacements de populations, la dégradation de la situation économique. L’on dénombre à date plus de 10 millions de personnes déplacées de force par les conflits, dont 2,4 millions réfugiées ou demandeuses d’asile, au Cameroun, au Nigéria, au Tchad, au Niger et en Mauritanie. C’est sans compter ces quelque 8 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leurs pays respectifs.
Les projections indiquent qu’à la période de juin à août, que l’on appelle communément la période de soudure, où la faim atteint vraiment le niveau le plus élevé, il y aura à peu près plus de 52 millions de personnes qui seront dans cette situation-là. Parmi elles, près de 3 millions atteindront un niveau un peu plus sévère. C’est une aggravation. Si on compare par exemple à l’année 2019, il n’y avait que 4% de la population qui était dans cette situation d’insécurité alimentaire. Aujourd’hui, nous avons 12% de la population, une situation qui affecte particulièrement la couche des populations forcées aux déplacements, à cause des conflits,
explique depuis Dakar, Djaounsede Madjiangar, responsable communication et porte-parole du PAM en Afrique de l’Ouest et centrale, contacté par RFI.
Elles n’ont pas accès à leurs moyens de subsistance et ne dépendent que de l’assistance du Programme alimentaire mondial, et cela au moment où nous faisons face à de sérieux problèmes de financement qui font que nous ne sommes malheureusement pas en mesure de répondre adéquatement à leurs besoins, comme il se doit,
poursuit-il.
La directrice régionale Margot Van der Velden a estimé, pour sa part, que
Nous sommes à un moment décisif où des millions de vies sont en jeu.
Le PAM contraint de réduire son assistance
Début mars dernier, le PAM annonçait la suspension de son aide alimentaire et nutritionnelle vitale au Sahel central et au Nigéria. Or, l’organisme prévoyait d’apporter cette assistance nutritionnelle vitale à 12 millions de personnes dans la région du Sahel et en Afrique de l’Ouest.
La région a toujours fait face à des besoins croissants où le financement n’a pas toujours été à la hauteur du niveau des besoins. En 2004 par exemple, le Programme alimentaire mondial, pendant la période de soudure, avait prévu de venir en aide à un peu plus de 11 millions de personnes dans la région mais, faute de financement, à l’époque déjà, on a dû réduire notre assistance pour nous focaliser sur 7 millions de personnes,
déplore le porte-parole régional, Djaounsede Madjiangar.
Le PAM évalue ses besoins urgents à 710 millions USD pour les six prochains mois (mai-octobre 2025). Si ce financement urgent venait à manquer, ce sont quelque cinq millions de personnes qui pourraient se trouver en situation d’urgence alimentaire. Or, entre juin et août 2024, le PAM avait fourni de l’aide à 7,3 millions de personnes vulnérables, n’atteignant que 60% de ses objectifs initiaux.
Fermeture de l’USAID et du MCC
Mi-avril dernier, le chef du département de l’Efficacité gouvernementale au sein de l’administration Trump 2, qui n’est autre que le milliardaire, Elon Musk, annonçait la fermeture du Millenium Challenge Corporation (MCC), une agence américaine créée, il y a juste 20 ans par le président George W. Bush, et chargée d’aider certains pays en voie de développement en Afrique et en Asie.
La fermeture du MCC faisait ainsi perdre au continent une enveloppe annuelle d’environ 1 milliard de dollars répartie entre des pays triés sur le volet, éligibles selon des conditions très strictes, allant du respect des valeurs démocratiques et de la gouvernance, à la promotion de la justice sociale, entre autres.
L’annonce de la fermeture est intervenue tout juste trois mois après la fermeture de l’Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID), l’organisme faîtier d’aide américaine au développement, créé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.
Force est de constater que ces mesures du gouvernement Donald Trump 2 n’ont pas fini de produire les conséquences néfastes sur les économies africaines, notamment les pays dépendant largement de ces dotations spéciales pour financer leurs infrastructures, et partant, leur développement. L’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest n’en font que les frais.