Le changement climatique met en mal la lutte contre le paludisme au Cameroun. Ses impacts, en particulier, les conditions météorologiques extrêmes et les vagues de chaleur, représentent un risque substantiel pour les progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme. En effet, la variabilité du climat peut avoir des effets indirects sur les tendances du paludisme, en raison de facteurs tels que la réduction de l’accès aux services essentiels de lutte contre le paludisme et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement en moustiquaires imprégnées d’insecticide, en médicaments et en vaccins. Tout ceci freine les efforts du gouvernement, ainsi que ceux de ses partenaire dans la lutte contre ce fléau, qui
tue un enfant chaque minute de chaque jour,
selon Peter Sands, Directeur exécutif du Fonds mondial.
Les déplacements de population liés au changement climatique pourraient également entraîner une augmentation des cas de paludisme lorsque des personnes non immunisées migrent vers des zones endémiques. Le parasite du paludisme se propage principalement aux humains via des moustiques infectés, et peut provoquer des symptômes tels que de la fièvre, des maux de tête et des frissons. Le paludisme touche majoritairement les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. Les efforts de vaccination en sont encore à leurs débuts : le Cameroun est devenu cette année le premier pays à administrer systématiquement aux enfants un nouveau vaccin contre le paludisme, qui n’est efficace qu’à environ 30 % et n’arrête pas la transmission. Un deuxième vaccin a été récemment approuvé.
Lien entre l’épidémiologie du paludisme au Cameroun et la variabilité du climat
Dans une approche géostatistique et économétrique, le Dr René Ramsès Meyong a fait des recherches sur la variabilité climatique et incidence palustre au Cameroun. De ces travaux qui, ont eu pour échantillon 470 aires de santé réparties entre 35 districts, on retient que la dynamique de l’incidence palustre au Cameroun est significativement liée à celle des quantités de précipitations avec un retard allant d’un à trois mois, ainsi qu’à celle de l’humidité relative, des températures minimales et des températures maximales avec un retard allant d’un à deux mois.
Cette recherche vient s’ajouter à celle de la Malaria Consortium, dont les résultats montrent que ; des températures plus chaudes peuvent accélérer le cycle de vie des moustiques anophèles (le temps nécessaire pour qu’un œuf devienne un moustique adulte) et augmenter le taux de développement des parasites plasmodium dans le vecteur en raccourcissant le temps nécessaire aux moustiques pour devenir infectieux et potentiellement augmenter les taux de transmission et de piqûres infectieuses.
Pour rappel, le Cameroun fait partie des pays présentant la charge du paludisme la plus élevée en Afrique, même s’il n’est pas parmi les plus touchés par le changement climatique. Il fait aussi partie des 11 premiers pays qui ont adhéré à l’approche « D’une charge élevée à un fort impact », établie en 2018 par l’OMS et le Partenariat RBM. Ce qu’il lui faut, selon les résultats de recherches de ces institutions, c’est
un basculement qui doit s’opérer dans la lutte contre le paludisme en y consacrant davantage de ressources, un engagement politique renforcé, des stratégies fondées sur des données et des outils innovants,
apprend-on.
Selon l’OMS, Cette menace supplémentaire liée au climat exige de la riposte au paludisme, qu’elle soit durable et résiliente, et qu’elle aille dans le sens des efforts déployés pour réduire les effets du changement climatique. Il est donc essentiel de mobiliser l’ensemble de la société pour construire des approches intégrées.