Ambiance studieuse, le mercredi 3 avril 2024, au Centre social EDIMAR Princesse Grace, situé au quartier Elig-Essono dans la ville de Yaoundé. Des jeunes sans domiciles fixes suivent attentivement une leçon d’éducation à la citoyenneté et à la morale.
C’est une activité essentiellement éducative qui est organisée tous les mercredis à l’intention des enfants qui viennent à notre rencontre ici. A chaque rencontre, nous abordons des thèmes pertinents, divers et variés,
explique le coordonnateur des programmes du Centre, Jules Patrick BIDONG. Le thème de ce jour porte sur l’amitié. Pendant près de deux heures de temps, l’éducateur, assisté d’un collègue échange avec ces jeunes, au hall principal du bâtiment abritant le Centre, autour de la question : « qui est mon véritable ami ? »
Nous avons choisi ce thème parce que les enfants se retrouvent très souvent avec des complices, des acolytes, plutôt qu’avec des amis. Et dans un jeu d’interactivité, nous leur avons permis de se poser les questions justes relativement à l’amitié. Nous les laissons en suspend avec ces questionnements-là pour que cela fasse chemin dans leur esprit, et qu’ils aient désormais des critères de choix de leurs amis,
ajoute le coordonnateur des programmes. Cette activité a le mérite de créer l’interaction et de permettre à ces jeunes d’exprimer leur pensée. Pour le petit Clovis, qui ne passe pas un jour sans se rendre dans ce Centre, l’amitié commence par soi-même. « Moi-même, je me fais confiance d’abord. Je fais aussi confiance à celui qui partage ses choses avec moi, quand je n’ai rien », affirme-t-il au sorti du cours.
Des cours de remise à niveau pour préparer la réinsertion scolaire
Ce rendez-vous éducatif est l’un des champs d’action dans le domaine de l’éducation où le Centre social EDIMAR intervient. Du lundi au jeudi, ce Centre offre également des cours de remise à niveau à ces jeunes. Pendant trois heures de temps, ils suivent chacun un programme adapté à son niveau scolaire.
Nous faisons des cours de français, en commençant par l’alphabet, et on évolue progressivement. Nous faisons également des cours de mathématiques, d’éducation civique et morale, etc. Parfois, après les cours, nous faisons des causeries éducatives. Nous veillons à leur éducation, et surtout leur rééducation afin qu’ils essayent de comprendre qu’ils ne sont pas délaissés et qu’ils peuvent se rattraper,
nous explique l’institutrice, Flore BOUKINGUE. L’institutrice qui enseigne ici depuis déjà un an se réjouit de l’intelligence surprenante de ces jeunes.
Ils sont très intelligents. Ils ont tout juste besoin d’aide. Quand ils arrivent ici, ceux qui veulent vraiment connaître sont suivis. Ceux qui peuvent encore se rattraper à l’école conventionnelle sont accompagnés par le Centre.
Consultations médicales gratuites et régulières
Chaque jour après les cours, les jeunes vont à la consultation médicale. Le Centre met à leur disposition à cet effet un médecin généraliste et une infirmière qui s’attèlent à effectuer cette mission.
Ces jeunes nous fréquentent régulièrement. Nous consultons au quotidien une quinzaine d’entre eux qui viennent avec des pathologies multiples. Nous avons certains qui viennent avec des blessures chroniques, voire suppurantes ; des hématites ; des paludismes sévères ; des typhoïdes. Nous avons reçu un jeune patient récemment qui avait une perforation gastrique, et heureusement qu’on a pu intervenir à temps. Il a subi une opération chirurgicale,
nous renseigne le chef du service infirmerie du Centre, le médecin généraliste, Dr Francky YATCHOUA.
Nécessité de se doter d’un service d’imagerie
Les interventions sanitaires sont quelque fois limitées par une insuffisance du plateau technique qui réduit les actions de l’infirmerie du Centre social EDIMAR.
Nous avons beaucoup de cas que nous sommes appelés à référer, parce que nous ne pouvons pas avoir une image ou une interprétation d’imagerie qui nous permet de mieux apprécier l’état du malade. C’est une grosse difficulté que nous rencontrons, l’absence du service d’imagerie,
affirme-t-il, inquiet. Pourtant, de nombreux jeunes vivant dans la rue arrivent ici, avec des fractures en tout genre, et ne peuvent malheureusement pas être pris en charge.
Si nous renforçons le service d’imagerie ici, je crois que cela va davantage booster notre fréquentation ciblée pour ces enfants de la rue,
conclut le chef du service infirmerie, Dr Francky YATCHOUA.
Le Centre social EDIMAR en raccourci
En mai 2001, c’est grâce au soutien des organismes institutionnels camerounais, ainsi que de l’aide concrète apportée par Monaco Aide et Présence, John Martiotti, Luc Raynaud et de nombreux autres amis, que les travaux de mise sur pied du Centre avaient commencé. Un an plus tard, le 10 mai 2002, le Centre a été inauguré, apprend-on lire sur son site web. Le Centre social EDIMAR est un Centre d’accueil des jeunes enfants de la rue. Sa mission première est de les accueillir, de les écouter et de les orienter vers une réinsertion sociale et familiale, et surtout leur insertion professionnelle.
Situé au cœur de la ville de Yaoundé, au quartier Elig-Essono, l’édifice d’un étage dans lequel les enfants de la rue sont « princes », accueille chaque jour en son sein entre 100 et 150 jeunes. Cette maison se veut le symbole de la beauté, beauté qu’on retrouve aussi dans le cœur de l’enfant de la rue, beauté qui crie aussi dans le cœur de « l’enfant mal aimé ». Le souhait de ces jeunes, c’est que les actions du Centre perdurent et que ce Centre soit incessamment soutenu par des âmes de bonne volonté, dont l’élan de solidarité est retentissant.